AMOUR, EMBROUILLES ET VIE D’APRÈS : LE QUOTIDIEN HORS-NORME DES FEMMES EN PRISON | M6 | Zone Interdite

Au Centre de détention de Roanne, une prison mixte de 600 places près de Lyon, des parcours de vie et des vocations se confrontent et s’entremêlent quotidiennement. Au quartier des arrivants, Vanessa, une jeune surveillante, est confrontée tous les jours au choc carcéral. Elle apprend peu à peu à détecter les comportements violents ou suicidaires de certains détenus, notamment parmi les femmes, qui prennent soudain conscience de leur condamnation et de ses conséquences.

Condamnée à dix années de détention pour homicide, Sandrine, 45 ans, a décidé de continuer à vivre malgré sa peine. Elle profite des longues journées, seule dans sa cellule de sept mètres carrés, pour se remettre à niveau et obtenir un diplôme. Mais ce qui l’aide le plus à tenir, c’est Antonio, son compagnon, qu’elle a rencontré avant sa condamnation. Il vient la voir chaque semaine au parloir. Le couple va se marier prochainement en prison et passera sa lune de miel dans une Unité de vie familiale, un petit appartement sans barreau à l’intérieur du centre de détention.

Au même étage, Harmonie, une jeune femme de 33 ans, est, elle, aussi sur le point de se marier… avec l’une de ses codétenues. Elle est tombée amoureuse de Yasmina, 49 ans, l’une des « figures » de la prison. Pour Harmonie, cette union lui apporte une forme de protection dans cet univers impitoyable, où les plus dures font la loi. Elle lui permet aussi de tenir bon jusqu’à sa sortie, prévue pour 2023. Dans quelques mois, Harmonie va obtenir ses premières permissions afin de trouver un travail et un logement. Une promesse de liberté qui, paradoxalement, l’effraie. Car dehors, elle n’a plus aucun repère.

Pour l’aider dans ses démarches et sa réinsertion, elle peut néanmoins compter sur Aline. A 33 ans, cette ancienne éducatrice a fait le choix de devenir conseillère d’insertion en milieu fermé.

Aline est arrivée au centre de Roanne il y a un mois seulement et elle a à sa charge la totalité du quartier de femmes, soit 70 détenues. Des détenues réputées plus difficiles que les hommes, car plus manipulatrices. Un véritable challenge pour cette toute jeune recrue, qui découvre, elle aussi, l’univers carcéral et ses codes.

Line, elle, en est convaincue, pour beaucoup de détenus, l’incarcération n’est vivable qu’avec le maintien des liens familiaux. Son rôle : faire le lien entre les familles et le personnel du centre de détention. Employée depuis trois ans au centre de Roanne, Line est devenue une oreille précieuse pour beaucoup de femmes de détenus. C’est le cas de Nadège, dont le compagnon a été condamné à une lourde peine. À 22 ans, elle est mère d’une petite fille de 2 ans et attend un bébé, conçu au parloir. C’est également au parloir que son futur bébé rencontrera son père pour la première fois.

Malgré les barreaux et l’enfer de la prison, détenues, femmes de détenues et personnel pénitentiaire tentent, chacune à leur niveau, de préserver les liens humains afin de rendre l’univers carcéral plus supportable.