- 52'
- Auteurs : Gary Grabli, Gabriel Garcia
- 17-12-2023
- Master : 3422
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CHILI : LE TERRITOIRE DE TOUS LES EXTRÊMES | M6 | Enquête Exclusive
Le Chili est aujourd’hui l’un des pays les plus inégalitaires d’Amérique latine. Cet héritage, c’est en grande partie celui du général Pinochet. En prenant le pouvoir par la force en septembre 1973, l’officier n’impose pas seulement un régime autoritaire, il met en place une économie dérégulée. Ce nouveau pouvoir profite du soutien des États-Unis pour imposer un clientélisme industriel. Le général privatise des pans entiers de l’industrie, met en coupes réglées les médias, les banques et offre le minerai de cuivre, principale ressource du pays à des proches.
Dès 1973, de nombreux oligarques, issus de la droite traditionnelle, grandissent à l’ombre de la dictature, avant de prospérer au contact de responsables politiques, souvent à droite. Leur influence constitue le moteur de leurs immenses fortunes. Avec le cuivre comme symbole de l’accaparement des richesses.
Aujourd’hui, 75% des mines de cuivre, joyaux de l’économie chilienne sont toujours détenues par des intérêts privés. Or, ce minerai représente en valeur, la moitié des exportations du pays. Depuis 2021 et la victoire de l’extrême gauche à l’élection présidentielle, le cuivre est au centre des réformes économiques et politiques. A peine installé au palais de la Moneda, Gabriel Boric, 35 ans, veut renationaliser le secteur minier afin d’augmenter ses ressources budgétaires et lutter contre les inégalités.
Issu d’une révolte populaire, le jeune président inscrit alors sa réforme dans une nouvelle constitution qu’il soumet au suffrage des Chiliens. En septembre 2022, 62% des votants rejettent le texte, signe de la résistance acharnée d’une grande partie de la bourgeoisie et des oligarques chiliens, toujours très influents dans le pays.
En novembre 2023, Gabriel Boric a l’intention de revenir devant le peuple chilien avec un nouveau texte. La campagne qui s’annonce est pour nous l’occasion d’une immersion dans cet immense pays, polarisé à outrance. Comment l’armée voit-elle se déployer un pouvoir considéré par beaucoup d’officiers comme un repère de communistes ? Comment le gouvernement fait-il face à ces résistances ? Et qui sont ces oligarques qui ont bâti leurs fortunes à l’ombre de la dictature ?
Pour eux, Gabriel Boric incarne un pouvoir anti chilien, renvoyant ce jeune président à la figure de Salvador Allende, renversé il y a cinquante ans. L’enjeu de la renationalisation des mines cuivre est l’un des moteurs du récit. Il nous permet d’ancrer le film dans le présent, tout en évoquant l’origine de la
situation économique et sociale du Chili.
Dans ce pays, le général Pinochet n’est jamais très loin. Et les résistances aux réformes jaillissent le plus souvent de ceux qui revendiquent son héritage, au nom de l’ordre et de la tradition.
S’intéresser à cette mouvance, c’est donc documenter une des réalités chiliennes qui inquiète le pouvoir en place et rend nerveux les militants des droits de l’homme. Ceux qui ont vécu sous Pinochet le savent : au Chili, un coup de force n’est jamais à exclure.
Ce film s’appuie sur des personnages qui permettent d’incarner une société chilienne très polarisée. Qu’ils soient oligarques, ministres, militants associatifs ou propriétaires terriens, tous racontent un chili en pleine ébullition.